Axe 1 · Santé et vulnérabilités : risques, soins et préventions

Responsable : Rose-Angélique Belot

Présentation

Cet axe regroupe les expertises du laboratoire en relation avec la santé et les vulnérabilités, avec en perspective la prise en charge/l’accompagnement des risques afférents, par la mobilisation des ressources adéquates à travers des dispositifs de soin et de prévention ajustés aux individus, groupes et populations cibles. Ainsi, les travaux ont pour objectif de mieux comprendre et prendre en compte les facteurs de risques, leurs origines et leurs effets sur la santé, pour mieux définir des actions favorisant la résolution des troubles, la santé, la sécurité et la qualité de vie.

Diversité de méthodologies

Cet axe mobilise une diversité de méthodologies, qualitatives, quantitatives, mixtes (questionnaires validés, épreuves projectives, entretiens de recherche, analyses documentaires, observations, expérimentations), aussi bien observationnelles (e.g., longitudinales) qu’interventionnelles et employées en lien avec des terrains et partenaires variés (services de soins des CHU, services de santé au travail, structures de soins départementales et régionales, associations de patients et de professionnels de santé, structures de prévention des risques routiers, institutions publiques, industries….). Les travaux menés permettent d’investiguer ce qui a trait à la santé (tant physique que mentale), auprès de publics variés (bébés, enfants, âgés, adolescents, travailleurs, riverains d’une zone à risque…) et dans la diversité des contextes où celle-ci peut-être en jeu.


Cet Axe s’articulera plus précisément autour des 4 lignes directrices suivantes :

1. Risques environnementaux, risques comportementaux et sécurité

Cette première ligne directrice décline ce qui a trait aux risques environnementaux, comportementaux et à la sécurité. Les « environnements » concernés sont en premier lieu professionnels (problématiques d’hygiène et de sécurité en organisations de travail, publiques et privées) et routiers (usagers de la route, sécurité routière), mais les travaux concerneront également les dérèglements climatiques et leurs impacts sur les populations ou encore, à l’image de la crise de la Covid-19, aborder les risques de contamination épidémique. Les comportements de sécurité face aux risques seront analysés sous divers angles, dans une démarche de développement des connaissances et/ou d’intervention, en mobilisant différentes approches théoriques et méthodologiques.

Les expertises déjà développées dans cette ligne directrice portent, par exemple, sur les problématiques de respect des règles de sécurité au travail et de gestion des risques (e.g., en lien avec l’industrie nucléaire : prévention des risques classiques et de contamination radiologique, engagement des managers, activité de téléopération sur les chantiers de démantèlement). Elles traitent également des déterminants des comportements d’hygiène au travail (soin, restauration) et face aux épidémies. Les comportements routiers, la perception des risques d’accidents et leur prévention sont également étudiés à travers plusieurs études en développement. En contextes de travail, les dimensions organisationnelles (e.g., climat de sécurité, exigences et ressources) seront prises en considération. En relation notamment avec l’accueil récent de collègues intéressés par les questions écologiques et climatiques, des travaux sur la perception, le vécu et les comportements face aux risques associés (e.g., risque de submersion marine, sécheresse, choix du mode de transport et mobilités) seront également développés. En outre, du fait de l’internationalisation de ces problématiques, les travaux de cet axe ambitionnent d’intégrer les variables interculturelles pour mieux saisir les processus psychologiques en œuvre dans un contexte de diversité culturelle tant sociale que professionnelle.

2. Vulnérabilités liées à la maladie (grave, somatique et chronique), au vieillissement et à la fin de vie

Cette ligne directrice regroupe en premier lieu divers travaux qui ont trait à la maladie et à ses conséquences, tant au plan individuel, familial, sociétal, ainsi que la souffrance qu’impliquent ces pathologies. En particulier, ces travaux visent à mettre en évidence les vulnérabilités pouvant être induites par ces pathologies, dans leur diversité (psychique, sociale, activités quotidiennes…), ainsi qu’identifier les facteurs pouvant réduire leur apparition ou en atténuer les effets. Ces travaux considèrent également les vulnérabilités pouvant être induites par la prise en charge de ces pathologies par les services de santé.

Il s’agira également d’étudier les vulnérabilités (physiques, psychiques, sociales…) associées au vieillissement et à la fin de vie. Les pathologies concernées sont/seront variées.

A titre d’exemple des recherches (quantitatives, qualitatives et longitudinales) ont trait à la symptomatologie migraineuse (patients hospitalisés en service de neurologie au CHU), reconnue comme particulièrement invalidante pour les patients (douleur, souffrance, fatigue, indisponibilité) et pour le coût socio-économique qu’elle représente (arrêts de travail, médicaments, hospitalisation). En lien avec le cancer et la Maladie d’Alzheimer une étude avec un suivi longitudinal de 3 ans de proches aidants âgés de plus de 60 ans est en cours. S’agissant de la thématique de la fin de vie, plusieurs études abordent la question des facteurs en jeu dans le choix du lieu de vie des personnes en fin de vie (patients en soins palliatifs) ou encore le rapport à la vie et à la mort des résidant.e.s en EPHAD. Il s’agira également de répondre aux enjeux actuels de santé publique s’agissant du rôle des aidants (la plupart du temps familiaux) – acteurs essentiels de l’accompagnement des sujets atteints de maladie grave et/ou de dépendance – avec pour objectif d’identifier les facteurs de vulnérabilité intrafamiliaux, avec prise en compte de la dimension transculturelle (p.ex. comparaison France-Turquie).

3. Santé et qualité de vie en différentes sphères de vie (familiale, professionnelle, sociale, environnementale…)

Cette troisième ligne directrice étudie la santé et la qualité de vie dans une perspective élargie des différentes sphères de vie : famille, activité professionnelle ou scolarité/études, relations sociales, commune/quartier/environnement, mais aussi potentiellement d’autres, à travers les activités culturelles et sportives. En effet, santé et qualité de vie sont deux thèmes devenus importants en association avec chacune de ces sphères. Cette ligne directrice vise en premier à examiner dans chacune de ces sphères les facteurs susceptibles d’impacter santé et qualité de vie. Elle vise ensuite à mettre en dialogue les travaux spécifiques à chacune, pour dégager une vue d’ensemble plus intégrée et réussir à cerner les sphères les plus impactées et pourquoi. Cette démarche apparaît tout à fait pertinente, à l’image des travaux sur l’interface entre vies professionnelle et privée, mais avec une focale plus globale, rarement employée, concernant ces différentes sphères et leurs interfaces.

A ce titre, cette ligne directrice sera en premier lieu alimentée par les recherches menées en relation troubles psychopathologiques dont les effets sont particulièrement délétères pour les parents, le couple, la famille et ont un impact sur le développement du bébé . En relation, plusieurs recherches étudient les processus psychiques et les facteurs impliqués, avec l’identification précise de facteurs de risque comme l’isolement familial et social. Également, une recherche examine l’impact psychique et relationnel de la Procréation Médicale Assistée sur les couples. Autre exemple, le placement familial peut également être source de souffrance, tant du côté des enfants que des familles d’accueil. En outre, l’évaluation des ressources (par exemple attachement) et des facteurs de risques pour ces enfants devenus adultes est également un objet d’étude. Un autre ensemble de travaux viendra alimenter cette ligne directrice : ceux relatifs à la sphère professionnelle. Par exemple, un nombre important de travaux portent sur les somatiques. Les effets des facteurs organisationnels, sociaux et personnels (et leurs interactions) sur le stress chronique, le stress post-traumatique, l’épuisement professionnel (burnout), les troubles anxieux et dépressifs, les idéations suicidaires ou encore les addictions sont et seront étudiés. Si un nombre important des travaux portent et porteront sur les conséquences négatives des contextes professionnels sur la santé, les recherches menées au sein de cet axe prennent également en compte les aspects positifs, signes d’une bonne qualité de vie au travail, tels que la satisfaction, la motivation, l’engagement…

D’autres sphères, abordées de façon croissante au sein du laboratoire sous l’angle de la santé et aborder de manière plus large l’individu dans son environnement, ce dernier pouvant avoir des impacts dépressive chez des élèves ou encore l’éco-anxiété et la perception des questions environnementales.

4. Ressources individuelles et collectives, dispositifs et innovations thérapeutiques ou de prévention

Cette ligne directrice regroupe les travaux qui concernent les ressources que les individus, dyades ou groupes peuvent mobiliser pour surmonter leurs vulnérabilités, limiter les atteintes à leur santé et avoir une bonne qualité de vie. Cela inclus les divers dispositifs de soins et de préventions, en tant que ressources professionnelles et institutionnelles mobilisables.

Ces ressources peuvent être de nature individuelle, par exemple en relation avec des mécanismes de régulation du stress, des émotions et des situations traumatiques (e.g., mécanismes de défense, coping, régulation émotionnelle, métacognition), en lien avec des dispositions internes (e.g., évaluations fondamentales de soi, styles cognitifs, anxiété trait) ou encore des expériences vécues sources d’apprentissage et d’adaptation. Elles peuvent être de natures relationnelle/groupale : soutien social, empathie, mémoire transactive, réflexivité de groupe, ajustement relationnel et coping dyadique, liens d’attachement, partage social des émotions… Enfin, il s’agit de dispositifs et d’innovations professionnels et institutionnels en matière d’accompagnement thérapeutique et de prévention. A titre d’exemple, on peut mentionner le développement d’un dispositif de repérage des agirs sexuels problématiques chez l’enfant de moins de 12 ans, permettant la qualité de soins des enfants concernés. On peut aussi évoquer plusieurs recherches avec le CHU (Maternité, Neurologie, Médecine légale) aboutissant à des préconisations en termes de prise en charge et/ou d’adhésion thérapeutique. Plusieurs dispositifs reposant sur le groupe (groupes de parole, thérapies familiales, collectifs de travail…) sont par ailleurs développés et évalués dans leurs effets. Le développement de dispositifs de communication préventive, conseil et formation à l’égard des risques (e.g., accidents, contamination, risques psychosociaux) est également objet de cette ligne directrice. Par exemple, cela concerne l’évaluation et l’optimisation des dispositifs de prévention des risques routiers chez les étudiants ou encore l’élaboration d’un dispositif de formation des managers à la perception des risques dans le secteur de l’industrie nucléaire.