Séminaire commun des axes 1 et 3

19 juin 2025
14h30-17h30
MSHE
Salle 003
Possibilité de participer via zoom (lien)

Dans le cadre de l’axe 1, Santé et Vulnérabilités : risques, soins et prévention et de l’axe 3 Pratiques professionnelles Groupes et Institutions de Travail du Laboratoire de Psychologie, deux communications sont présentées.


Stress, engagement et activité physique : vers une approche intégrée par mesures physiologiques et psychologiques en milieu professionnel

Intervention de Marieke Späh

Le projet de recherche s’inscrit dans le cadre d’une thèse en psychologie du travail et de la santé, dirigée par Marie Andela et Florent Lheureux. Cette étude vise à explorer l’impact de l’activité physique sur la gestion du stress et la santé mentale en milieu professionnel, en combinant des données subjectives et objectives. Grâce à une approche longitudinale, l’évolution du burnout, de l’anxiété et de la dépression est mesuré, ainsi que de l’engagement au travail, tout en intégrant des indicateurs physiologiques tels que la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) et la qualité du sommeil, recueillis via des montres connectées Garmin. Ces dispositifs, obtenus grâce à un appel à projet Chrysalide, permettent de collecter des mesures physiologiques objectives de manière continue, améliorant ainsi la précision et la fiabilité des analyses.

Lors de ce séminaire, Marieke présentera et discutera la méthodologie adoptée, qui constitue un des aspects les plus innovants de cette recherche. En effet, les études sur la gestion du stress en entreprise reposent encore majoritairement sur des mesures auto-déclarées, sujettes aux biais cognitifs et sociaux. Or, les recherches intégrant des données physiologiques objectives dans ce domaine sont très rares. Cette étude permettra de réaliser des analyses plus fines et fiables de l’impact réel de l’activité physique sur la régulation du stress.

L’originalité méthodologique réside dans l’intégration de ces mesures objectives, en complément des auto-questionnaires, pour surmonter les biais associés aux méthodes auto-déclaratives classiques. Très peu d’études sur le stress au travail mobilisent à ce jour des dispositifs de suivi physiologique en conditions écologiques réelles.

Ce projet, qui débutera en septembre 2025 dans deux sites d’une entreprise française  de service de paiement, constitue l’une des premières études françaises à analyser en continu, via objets connectés, les effets de l’activité physique sur la santé mentale des salariés, en lien avec leurs ressources psychologiques et sociales.


Stresseurs, symptômes dépressifs et qualité de vie au travail en services de soins intensifs / réanimation : résultats de l’étude nationale PS-ICU 2

Intervention de F. Lheureux, M. Jollivet, S. Poulet

Les services de réanimation/soins intensifs sont particulièrement touchés par le stress (Papazian et al., 2023 ; Quesada-Puga et al., 2024). Cependant, les études traitant de l’identification des stresseurs dans ces services ont généralement employé des mesures sous-optimales (e.g., ne mesurant pas les stresseurs spécifiques), non-valides (i.e., créés ad hoc sans procédure aboutie de validation), et/ou non-élaborées à partir de contextes sociétaux et culturels variés (Laurent et al., 2020), limitant dès lors la fiabilité des résultats. Un nouvel outil (l’échelle PS-ICU) a donc été élaboré, avec des premiers résultats illustrant ses bonnes propriétés psychométriques (Laurent et al., 2021). Le second volet du projet PS-ICU, vise à en conforter les propriétés (objectif 1) et à identifier les stresseurs les plus associés à une QVCT réduite et à la dépression chez ces professionnels (objectif 2). 

Cette communication vise à présenter les résultats de ce second volet. 42 services français ont participé à une étude transversale quantitative, avec 2455 participants en totalité, dont 1135 infirmier·ères, 619 aides-soignant·es et 487 médecins/internes. L’enquête comportait un volet individuel (échelle PS-ICU de 50 items, et l’échelle de QVT de Easton et Van Laar, 2018 ou de dépression CES-D10, Cartierre et al., 2011), ainsi que des données sociodémographiques et professionnelles. Elle comportait aussi un volet service, avec un questionnaire rempli par le·la chef·fe de service (e.g., ratio patients /nombre de lits, composition et effectif de l’équipe, planning et modalités de travail collectifs…). Des analyses de modélisation par équations structurelles exploratoire (ESEM), d’homogénéité interne (ω de McDonald) et de théorie de réponse à l’item (IRT) ont été réalisées pour l’objectif 1, des régressions multiples pour l’objectif 2. Les valeurs manquantes et réponses aberrantes ont été traitées par imputation multiple par équations chainées (MICE) d’une part et les techniques local outlier factor (LOF) / distance de Mahalanobis d’autre part.

Références
  • Laurent, A., Fournier, A., Lheureux, F., Delgado, M., Bocci, M., Prestifilippo, A., Aslanian, P., Henriques, J., Paget-Bailly, S., Constantin, J.-M., Besh, C., Quenot, J.-P., Anota, A., Bouhemad, B., & Capellier, G. (2021). An international tool to measure perceived stressors in intensive care units: the PS-ICU scale. Annals of Intensive Care, 11(1), 57. https://doi.org/10.1186/s13613-021-00846-0
  • Laurent, A., Lheureux, F., Genet, M., Delgado, M., Bocci, M., Prestifilippo, A., Besh, G., & Capellier, G. (2020). Scales used to measure job stressors in intensive care units: Are they relevant and reliable? A systematic review. Frontiers in Psychology, 11, 245. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2020.00245
  • Papazian, L., Hraiech, S., Loundou, A., Herridge, M. S., & Boyer, L. (2023). High-level burnout in physicians and nurses working in adult ICUs: a systematic review and meta-analysis. Intensive care medicine, 49(4), 387–400. https://doi.org/10.1007/s00134-023-07025-8
  • Quesada-Puga, C., Izquierdo-Espin, F. J., Membrive-Jiménez, M. J., Aguayo-Estremera, R., Cañadas-De La Fuente, G. A., Romero-Béjar, J. L., & Gómez-Urquiza, J. L. (2024). Job satisfaction and burnout syndrome among intensive-care unit nurses: A systematic review and meta-analysis. Intensive & critical care nursing, 82, 103660. https://doi.org/10.1016/j.iccn.2024.103660