Dans le cadre de l’axe 1, Santé et Vulnérabilités : risques, soins et prévention du Laboratoire de Psychologie, deux communications sont présentées.
Un modèle des croyances fondé sur le locus de contrôle : vers une reconceptualisation du locus de contrôle
Intervention de Robert Ngueusta
Les modèles sociocognitifs qui proposent des processus psychologiques d’adoption des comportements de santé et de sécurité priorisent l’individu et son pouvoir de contrôle et ne laissent que très peu de place aux influences sociales et contextuelles.
Ces modèles déterministes sont fondés sur les croyances, conceptualisées en se référant à un locus de contrôle qui a pourtant évolué avec le temps, et dont la conception originelle dichotomique (interne vs externe) peine à traduire la réalité du pouvoir de contrôle de l’individu sur les situations et donc à prédire correctement son comportement.
Je ferai d’abord une analyse critique des modèles des processus d’adoption des comportements de santé et de sécurité. Ensuite, je présenterai deux modèles qui prennent en compte le contexte dans la conception des processus psychologiques individuels. Enfin, je proposerai une reconceptualisation/évolution du locus de contrôle qui prend en compte les différents niveaux de contrôle d’un individu placé dans un environnement qui l’influence.
Rapport à la douleur dans l’économie psychique des sujets sportifs pratiquant le trail intensivement
Intervention d’Anne-Lise Moisan, doctorante en psychologie Clinique, deuxième année de thèse sous la direction de Magali Bonnet
Le corps, la souffrance et la douleur font partie de la condition humaine. Ces éléments se croisent tout au long de notre vie et sont exacerbés dans certaines situations. C’est le cas d’une pratique sportive à haute intensité où la douleur devient une véritable partenaire d’entrainement, parfois banalisée et dite nécessaire à la progression.
Dans ces contextes, nous questionnons de quelle(s) manière(s) la douleur est investie par ces athlètes et les risques éventuels qu’entrainerait une suspension involontaire de leur pratique.
Une récente étude (2023/2024), mené lors de mon master 2 recherche, auprès de sportifs pratiquant le trail intensément, témoigne des bénéfices possibles des sensations douloureuses pour leur équilibre psychique.
Cependant, un phénomène d’accoutumance à la douleur pourrait mettre en danger ces sportifs qui ne bénéficient pas par ailleurs d’un cadre professionnel protecteur. La méthodologie employée pour cette première étude nous a permis d’une part d’apprécier la place du sport dans la vie de nos participants ainsi que les qualités d’investissement du corps en termes de recherche de sensations.
D’autres part, nous avons relevé les fonctionnements psychiques d’un point de vue narcissique et objectal. Il en résulte pour les trois participants de l’étude, des fonctionnements psychiques limites, avec une absence de représentation des figures parentale (ou une mise à mal de celles-ci), un manque de contenance, une rétention pulsionnelle importante et un évitement massif de tout conflits.
Pour saisir plus en profondeur comment ces sujets s’organisent psychiquement, nous pensons intégrer, dans la méthodologie de notre recherche, un entretien sur l’attachement (AAI). Cela va nous permettre d’analyser comment, à travers les premiers liens et figures d’attachements, ces sportifs se sont construits et ont pu organiser à l’aide (ou non) de ces premières relations, leur rapport au traitement des pulsions internes.